Les grands esprits se rencontrent : 3 raisons d'aligner les services financiers et la notion de développement durable d'une entreprise

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Chaque année, l'impact des plus grandes crises de l'histoire se fait un peu plus ressentir : les effets calamiteux du changement climatique, l'épuisement des ressources naturelles et l’amplification des inégalités sociales. Il n'est plus possible d'ignorer ces questions.

C'est pourquoi il est désormais admis que chaque secteur a un rôle à jouer et que la seule façon de résoudre ces défis de taille est de collaborer et de conclure des partenariats multilatéraux. Mais qu'est-ce que cela implique pour les entreprises ?

Au cours du siècle dernier et pendant une grande partie de ce siècle, les entreprises ont largement fermé les yeux sur leur impact environnemental et social. Mais cela tend de plus en plus à s'inverser. Avoir un impact positif sur la société et l'environnement est désormais ancré non seulement comme la bonne attitude à adopter, mais aussi comme une condition sine qua none à la réussite à long terme des entreprises.

Plus facile à dire qu'à faire. L'élaboration de programmes environnementaux et sociaux mondiaux et modulables nécessite des ressources considérables, et parfois la constitution d'équipes intégralement dédiées. S'il est aisé de fixer des objectifs, il est beaucoup plus difficile de prendre les décisions fermes, nécessaires à leur réalisation.

EN TANT QUE SOCIÉTÉ, POUVONS-NOUS ADHÉRER AU CAPITALISME DES PARTIES PRENANTES ?

Pour les plus grandes sociétés du monde, qui rendent compte à leurs actionnaires, il devient encore plus difficile d'établir des priorités sur le long terme. Heureusement, les militants pour le climat ne sont pas les seuls à faire pression : la communauté des investisseurs et le secteur financier demandent également aux entreprises de mieux aligner leurs stratégies commerciales et durables. Si la pandémie a intensifié et accéléré le besoin urgent d'actions plus fortes, le message à long terme est clair : si les entreprises ne prennent pas les mesures nécessaires quant aux questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), les générations à venir en paieront les frais. Les sociétés ont tardé à répondre à l'appel à l'action. Cela peut paraître surprenant, mais Philip Morris International (PMI) a assumé sa position de leader en alignant ses stratégies corporatives et de développement durable. Et tandis que certains pensent que société de tabac et développement durable ne peuvent aller de pair, PMI affirme que sa priorité, ce sont ses produits. En 2016, PMI s'est publiquement engagé à éliminer activement les cigarettes et s'efforce depuis lors de concrétiser sa vision : l’éviction de la cigarette. L'entreprise a également passé près de deux décennies à réattribuer ses ressources au profit du développement de produits alternatifs à la cigarette, et a placé la transformation de son activité au cœur de sa stratégie de développement durable.

Le mois dernier, PMI a encore renforcé son engagement pour le développement durable en confiant son équipe de développement durable  mondiale au directeur financier Emmanuel Babeau. Si c'est sans doute l'une des premières sociétés internationales à réaliser ce changement, nous pensons que cette tendance a vocation à durer. Explications en 3 points.

1. Les investisseurs demandent de plus en plus souvent des données non financières comparables et fiables.

Deux vérités ne font plus débat aujourd'hui : 1) l'humanité ne peut pas continuer à extraire les ressources naturelles de notre planète à un rythme non durable ; et 2) les entreprises soucieuses de ces questions et qui investissent en conséquence surpassent celles qui ne le font pas. Les investisseurs institutionnels observent ces deux réalités et redoublent d'efforts pour évaluer les performances des entreprises à l'aide des facteurs ESG, comme en témoigne la cinquième enquête Ernst & Young (EY) sur les services liés au changement climatique et au développement durable menée auprès de 298 investisseurs institutionnels à travers le monde. Le document The Art of Alignement : Sustainability and Financial Transparency (L'art de l'alignement : Développement durable et transparence financière), publié par SustainAbility en novembre 2019, a également identifié les investisseurs comme les premiers acteurs à exiger un meilleur alignement entre la transparence financière et le développement durable.  

Cependant, les recherches d'EY démontrent que les investisseurs restent soucieux de l'écart entre les performances financières et non financières. L'étude révèle en outre des lacunes dans la qualité et l'intégrité des données, ainsi que des incohérences dans les rapports intégrés. Les performances financières sont gérées par les équipes financières, tandis que les performances ESG sont souvent dirigées par les équipes de développement durable. Les investisseurs exigeant de plus en plus de données ESG précises et de qualité en plus des données financières, il devient donc impératif de réunir ces deux domaines de reporting et d'expertise. 

Dans ce domaine, PMI s’inscrit comme pionnier. La nomination de Jennifer Motles, Responsable de la durabilité et de l'impact social de PMI, au poste de Directrice développement durable a fait migrer la fonction du service des Affaires externes à celui des Finances, Mme Motles étant désormais sous l'égide du Directeur financier, M. Babeau. PMI attribue cette évolution à la reconnaissance accrue, tant par les entreprises que par les investisseurs, de la capacité de l'intégration complète des facteurs ESG à la stratégie commerciale, facteur qui a amélioré de manière significative à la fois l'agenda pour le développement durable et les performances financières.

« Cette initiative souligne la place de choix des critères ESG au cœur de la performance et de la réussite de PMI, et démontre une fois de plus le leadership de la société en matière de durabilité et d'objectifs corporatifs », a expliqué M. Babeau au sujet de la nomination de Mme Motles. « Nous sommes convaincus que la durabilité et les performances commerciales ne suivent pas des voies séparées. Elles sont totalement interdépendantes et se renforcent mutuellement, et à ce titre devraient être organisées et présentées à toutes les parties prenantes de manière intégrée ».

2. La divulgation des rapports ESG requiert la rigueur des rapports financiers

Selon EY, les rapports de performance ESG manquent généralement de systèmes et contrôles rigoureux qui caractérisent les rapports financiers. 

Les avancées technologiques permettent aux entreprises de recueillir des quantités toujours plus importantes de données, par exemple sur l'empreinte écologique de leurs activités. Toutefois, ces données doivent être présentées de manière accessible et vérifiable. 

Selon Mme Motles, la nécessité de mettre davantage l'accent sur la facilité d'utilisation des données et des rapports ESG a poussé PMI à affecter le développement durable au service financier.
« Dans une entreprise, où se trouve le centre d'expertise de la gestion des données ? Dans le service financier », explique-t-elle. « Le fait d'intégrer la durabilité aux finances accroît la solidité des données en matière de durabilité et ajoute une prise de décision intégrée à la fonction financière. Évaluer l'avenir de l'entreprise sur une base purement financière ne suffit plus ».

3. Les responsables développement durable doivent collaborer avec la direction

Le mois dernier, lors du lancement du nouveau groupe S30, S.A.R. le Prince de Galles a demandé à ce que les responsables habilités de la durabilité travaillent en étroite collaboration avec leurs homologues dirigeants. Le S30, lancé à  l'Initiative des marchés durables, EY et Freuds, proposera un forum aux hauts responsables de la durabilité et aidera à convaincre d'autres entreprises de désigner des directeurs dans le domaine.

Comme l'a déclaré le Prince Charles lors du lancement : « J'espère vivement voir de grandes entreprises du monde désigner des Directeurs de la durabilité dûment habilités pour veiller à ce que le développement durable réside au cœur de la stratégie commerciale, des processus de prise de décision, des achats, des chaînes d'approvisionnement et de l'engagement des clients. Les responsables de la durabilité doivent travailler main dans la main avec leurs homologues dirigeants en les intégrant à la solution, ainsi qu'avec de jeunes collaborateurs qui, je le sais, sont particulièrement sensibles au développement durable et veulent voir des actions concrètes et démontrables ».

Lorsque les équipes dédiées à la durabilité et aux finances travaillent ensemble, elles apprennent inévitablement les unes des autres et renforcent l'entreprise.

Mme Motles confirme les propos du Prince en ajoutant que « les équipes de durabilité ont beaucoup à apprendre en termes de réflexion stratégique financière et, de la même manière, les services financiers ont ainsi l'opportunité d'élargir leurs horizons et de penser davantage à l'avenir à long terme. Alors que nous transformons notre entreprise, il est important que nous encouragions et amorcions un dialogue ouvert, non seulement avec nos parties prenantes, mais aussi entre les équipes internes ».

Puis, elle a poursuivi : « En tant qu'entreprise, nous pensons que la durabilité doit être intégrée à tous les aspects de notre activité. La stratégie de durabilité est une stratégie corporative, et les questions ESG essentielles sont des questions corporatives essentielles. À cet égard, nos performances financières et non financières sont étroitement liées lorsque nous pensons au succès et à l'avenir de notre société ».

Mme Motles reconnaît les lacunes de PMI en matière de rapport sur le développement durable : « Si nous voulons aborder les ESG, nous devons être prêts à admettre que nous vendons un produit nocif, mais que nous avons réorienté nos ressources et notre attention pour créer des alternatives moins nocives que la cigarette ».

Comme mentionné précédemment, en 2016, PMI a annoncé sa nouvelle vision : offrir un avenir sans cigarette en consacrant ses ressources au développement, au fondement scientifique et à la commercialisation responsable de produits sans fumée moins nocifs que les cigarettes, ceci dans le but de remplacer complètement les cigarettes le plus rapidement possible pour les fumeurs adultes ne s’inscrivant pas dans une démarche de sevrage.

PMI prédit que dans certains pays, il pourrait être possible de mettre fin aux ventes de cigarettes dans les 10-15 années à venir, à condition de bénéficier d'un encouragement réglementaire approprié et du soutien de la société civile. Mais ce n'est pas chose aisée. Mme Motles souligne qu'une myriade de produits à base de nicotine, de mesures antitabac et de thérapies de sevrage tabagique existent déjà. Et pourtant, plus d'un milliard de personnes fument toujours.

« Il s'agit d'un problème systémique pour lequel l'industrie, les pouvoirs publics et chaque composant de la société doivent travailler main dans la main. Notre intention n'est pas seulement de débarrasser notre entreprise des cigarettes. Nous avons amorcé un changement qui vise à rendre les cigarettes obsolètes et à les remplacer par des alternatives moins nocives pour les fumeurs adultes qui n’arrêtent pas », explique-t-elle.

En 2019, PMI a publié son premier Rapport intégré, comprenant une déclaration d'intention qui réaffirme son engagement en faveur d'un avenir sans cigarette. L'entreprise est convaincue que l'alignement des services financiers et de développement durable permettra d'accélérer sa transformation.